cher, le rôle du mécanicien lui semble toujours
inexplicable et terrible. Il n’approche
d’une locomotive au repos que les doigts à
la bouche et frémissant. Si elle siffle, il
pâlit ; et il ne peut se de’tacher d’elle.
Il a le courage d’attendre celle qui vient là-bas. Il se cramponne aux barrières. Il ferme les yeux, il doit fermer les oreilles. La locomotive passe. Il est au ciel et dans l’enfer.
Puis il respire et regarde fuir le troupeau des petites roues agiles et ronflantes. C’est un train de marchandises qui n’en finit plus. C’est peut-être le plus long de tous les trains de marchandises du monde.
Pierre essaie de compter les wagons. Il s’y perd et il aime mieux seulement les voir, les voir tous et les voir un à un.
Et, quand c’est fini, il soupire :
— Eh ben ! vrai, il en avait envie, celui-là I