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LES SABOTS


Non, non, je ne suis pas venu à Paris en sabots, mais c’est en sabots que j’ai quitté mon village.

Depuis longtemps je voulais gagner ma vie à Paris. Ma mère s’opposait à mon départ et elle me surveillait, car j’étais capable de me sauver sans sa permission.

Chaque matin, comme je me levais avant elle, ma mère m’écoutait marcher. Si elle entendait mes sabots, elle se disait : « Il ne peut pas aller loin. » Si elle entendait mes souliers, elle me disait de son lit, inquiète : « Où vas-tu, avec tes souliers ? ce n’est ni jour de fête, ni jour de foire. » Je répon-