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BUCOLIQUES

visiteurs, de sa porte, sans se déranger :

— Est-ce qu’il mord, votre chien, ma brave femme ?

— Il mordrait, s’il pouvait, dit la fermière, et quand on le lâche la nuit, je vous promets qu’il ne fait guère bon rôder autour d’ici.

— Oh ! je sais, dit M. Piccolin, qu’on les apprivoise avec du fromage de gruyère.

— Ne vous y fiez point, dit la fermière, si vous tenez à vos mollets.

— J’y tiens, dit M. Piccolin. En attendant, je vous prie de me donner quatre tasses de lait pour moi et ma famille.

La fermière ne se presse pas de les servir. Elle les sert pourtant, et, comme elle a autre chose à faire, elle ne s’inquiète plus d’eux.

Les Piccolin, tenant du bout des doigts leurs tasses de lait qu’ils boivent par petites gorgées, se promènent dans la cour. Ils regardent les volailles et les instruments aratoires. Mais une inquiétude limite leur plaisir, et ils jettent fréquemment un coup