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BUCOLIQUES


nais pas, je mangerais tout sec, sans lard et sans légumes, les copeaux farineux de l’écuelle.

Papot me dit :

— En veux-tu un pour patienter ?

— Non, merci, faites votre soupe. Tout à l’heure, je lui dirai deux mots.

Actif, il se dépêche. Il va tremper ses doigts dans la marmite et goûte. Il revient tailler le pain de l’écuelle. Il a chaud et s’essuie, d’un tour de bras, avec sa manche où pendent des brins de racine.

Et, peu à peu, je m’occupe moins de la soupe. Je suis distrait par l’éclosion d’une perle sur le front de Papot. D’abord modeste, elle ne brille que d’un faible éclat entre ses deux sourcils. Et je vois qu’elle se déplace et roule et suit la pente inévitable que lui offre la nature. Et bientôt elle miroite au bout du nez, ronde, claire et digne d’enrichir l’oreille d’une femme, car ce n’est pas une perle fausse.

Puis elle a l’air de ne plus tenir que par un fil.