— C’est comme pour ta bataille de Solférino !
Tu voudrais me faire croire que tu y étais. Tu n’y étais même pas !
Gagnard se lève aussi.
— Répète un peu ?
— Non, tu n’y étais pas. Si tu y étais, prouve-le, malin !
Gagnard saute lestement sur la table.
— Moi, Gagnard, je n’étais pas à cette bataille ! dit-il en tapotant un vieux cadre pendu à un clou.
— Tu bisques, tu rages, dit Pierre ; mais tu n’y étais pas.
Gagnard, quoique exaspéré, se contient, reprend vent et, sûr de lui, il commence :
— Tu vois cette plaine ?
— Je vois, dit Pierre ; après ?
— Et tu vois cette tour ?
— Oui, dit Pierre, je vois, marche.
— De là-bas, poursuivit Gagnard, nous partîmes comme des chats, pour arriver la-haut comme des lions.
— Je connais ton histoire, dit Pierre, tu la récites par cœur.