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savoir quelle main a tracé le quatrième Évangile, et même en étant persuadé que ce n’est pas celle du fils de Zébédée, on peut donc admettre que cet ouvrage possède quelques titres à s’appeler « l’Évangile selon Jean». Le canevas historique du quatrième Évangile est, selon moi, la vie de Jésus telle qu’on la savait dans l’entourage immédiat de Jean. J’ajoute que, d’après mon opinion, cette école savait mieux diverses circonstances extérieures de la vie du fondateur que le groupe dont les souvenirs ont constitué les Évangiles synoptiques. Elle avait, notamment, sur les séjours de Jésus à Jérusalem, des données que les autres Églises ne possédaient pas. Presbyteros Joannes, qui probablement n’est pas un personnage différent de l’apôtre Jean, regardait, dit-on, le récit de Marc comme incomplet et désordonné ; il avait même un système pour expliquer les lacunes de ce récit[1]. Certains passages de Luc, où il y a comme un écho des traditions johanniques[2], prouvent d’ailleurs

  1. Papias, loc. cit. Voir ci-dessus, p. li.
  2. Ainsi, le pardon de la femme pécheresse, la connaissance qu’a Luc de la famille de Béthanie, son type du caractère de Marthe répondant au διηκόνει de Jean (xii, 2), la notion qu’il a du voyage de Jésus en Samarie, et même, à ce qu’il semble, de voyages multiples de Jésus à Jérusalem, les analogies bizarres du Lazare de Luc et de celui de Jean, le trait de la femme qui essuya les pieds de Jésus avec ses cheveux, l’idée que Jésus a comparu