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triomphe complet de notre Évangile, triomphe au delà duquel le doute ne se produira plus.

Mais, si vers l’an 170 le quatrième Évangile apparaît comme un écrit de l’apôtre Jean et revêtu d’une pleine autorité, n’est-il pas évident qu’à cette date-là, il n’était pas né de la veille ? Tatien[1], l’auteur de l’épître à Diognète[2], semblent bien en faire usage. Le rôle de notre Évangile dans le gnosticisme, et en particulier dans le système de Valentin[3], dans le montanisme[4], dans la controverse des aloges[5], n’est pas moins remarquable, et montre dès la seconde moitié du iie siècle cet Évangile mêlé à toutes les controverses et servant de pierre angulaire au développement du dogme. L’école de Jean est celle dont

  1. Adv. Græc., 5, 7. Il est douteux pourtant que l’Harmonie des Évangiles, composée par Tatien, embrassât le quatrième Évangile ; le titre Diatessaron ne venait probablement pas de Tatien lui-même. Cf. Eusèbe, H. E., IV, 29 ; Théodoret, Hæretic. fabul., I, 20 ; Epiph., Adv. hær., xlvi, 1 ; Fabricius, Cod. apocr., I, 378.
  2. Ch. 6, 7, 8, 9, 11. Les passages des épitres attribuées à saint Ignace où l’on croit trouver des allusions au quatrième Évangile sont d’une authenticité douteuse. L’autorité de Celse, qu’on allègue quelquefois, est nulle, puisque Celse était contemporain d’Origène.
  3. Irénée, Adv. hær., I, iii, 6 ; III, xi, 7 ; saint Hippolyte (?), Philosophumena, VI, ii, 29 et suiv. Cf. Ibid., VII, i, 22, 27.
  4. Irénée, Adv. hær., III, xi, 9.
  5. Epiph., Adv. hær., li, 3, 4, 28 ; liv, 1.