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d’importance à ces écrits, et les conservateurs, tels que Papias, y préféraient encore, dans la première moitié du iie siècle, la tradition orale[1]. Comme on croyait le monde près de finir, on se souciait peu de composer des livres pour l’avenir ; il s’agissait seulement de garder en son cœur l’image vive de celui qu’on espérait bientôt revoir dans les nues. De là le peu d’autorité dont jouirent durant près de cent ans les textes évangéliques. On ne se faisait nul scrupule d’y insérer des paragraphes, de combiner diverse-

  1. Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39. Comparez Irénée, Adv. haer., III, ii et iii. Voir aussi ce qui concerne Polycarpe dans le fragment de la lettre d’Irénée à Florinus, conservé par Eusèbe, H. E., V, 20. Ὡς γέγραπται dans l’épître de saint Barnabé (ch. iv, p. 12, édit. Hilgenfeld) s’applique à des mots qui se trouvent dans saint Matthieu, xxii, 14. Mais ces mots, qui flottent à deux endroits de saint Matthieu (xxii, 16 ; xx, 14), peuvent provenir dans Matthieu d’un livre apocryphe, ainsi que cela a lieu pour les passages Matth., xxiii, 34 et suiv., xxiv, 22 et environs. Comp. IV Esdr., viii, 3. Notez au même chapitre de l’épître de Barnabé (p. 8, édit. Hilg.) la singulière coïncidence d’un passage que l’auteur attribue à Hénoch, en se servant de la formule γέγραπται, avec Matth., xxiv, 22. Comp. aussi la γραφή citée dans l’épître de Barnabé, c. xvi (p. 52, Hilg.), à Hénoch, lxxxix, 56 et suiv. Voir ci-dessous, p. 366, note 1. Dans la 2e épître de saint Clément, (ch. ii), et dans saint Justin, Apol. I, 67, les synoptiques sont décidément cités comme des écritures sacrées. I Tim., v, 18 offre aussi comme γραφή un proverbe qui se trouve dans Luc (x, 7). Cette épître n’est pas de saint Paul.