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ferme de tradition palestinienne. Je sacrifie toute la dispute des versets 24-39. Le voyage de Pérée, indiqué v. 40, paraît au contraire historique. Les synoptiques connaissent ce voyage, auquel ils rattachent les divers incidents de Jéricho.

§ 23. Voici maintenant un passage très-important (xi, 1-45). Il s’agit d’un miracle, mais d’un miracle qui tranche sur les autres et se produit dans des circonstances à part. Tous les autres miracles présentés comme ayant eu de l’éclat se passent à propos d’individus obscurs et qui ne figurent plus ensuite dans l’histoire évangélique. Ici le miracle se passe au sein d’une famille connue[1], et que l’auteur de notre Évangile en particulier, s’il est sincère, paraît avoir pratiquée. Les autres miracles sont de petits rouages à part, destinés à prouver par leur nombre la mission divine du maître, mais sans conséquence pris isolément, puisqu’il n’en est pas un seul qu’on rappelle une fois qu’il est passé ; nul d’entre eux ne fait partie intégrante de la vie de Jésus. On peut les traiter tous en bloc comme je l’ai fait dans mon ouvrage, sans ébranler l’édifice ni rompre la suite des événements. Le miracle dont il s’agit ici, au contraire, est engagé profondément dans le récit des dernières semaines de Jésus, tel que le donne notre Évangile. Or nous verrons que c’est justement pour le récit de ces dernières semaines que notre texte brille d’une supériorité tout à fait incontestable. Ce miracle fait donc à lui seul une classe à part ; il semble au premier coup d’œil qu’il doive compter parmi les événements de la Vie de Jésus. Ce n’est pas le menu détail du récit qui me frappe. Les deux autres miracles hiérosolymites de Jésus dont parle l’auteur du quatrième Évangile sont racontés de

  1. Luc, x, 38 et suiv.