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Jésus, et même, dans deux cas, aux témoins oculaires de ses actions.

Pour Luc, le doute n’est guère possible. L’Évangile de Luc est une composition régulière, fondée sur des documents antérieurs[1]. C’est l’œuvre d’un homme qui choisit, élague, combine. L’auteur de cet Évangile est certainement le même que celui des Actes des apôtres[2]. Or, l’auteur des Actes semble un compagnon de saint Paul[3], titre qui convient parfaitement à Luc[4]. Je sais que plus d’une objection peut être opposée à ce raisonnement ; mais une chose au moins est hors de doute, c’est que l’auteur du troisième Évangile et des Actes est un homme de la seconde génération apostolique, et cela suffit à notre objet. La date de cet Évangile peut, d’ailleurs, être déterminée avec assez de précision par des considérations tirées du livre même. Le chapitre xxi de Luc, inséparable du reste de l’ouvrage, a été écrit certainement après le siège de Jérusalem, mais pas

  1. Luc, I, 1-4.
  2. Act., i, 1. Comp. Luc, i, 1-4.
  3. À partir de xvi, 10, l’auteur se donne pour témoin oculaire.
  4. Col., iv, 14 ; Philem., 24 ; II Tim., iv, 11. Le nom de Lucas (contraction de Lucanus) étant fort rare, on n’a pas à craindre ici une de ces homonymies qui jettent tant de perplexité dans les questions de critique relatives au Nouveau Testament.