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que, cette fois, les intéressés n’aient pas pris, pour un point qui leur importait si fort, quelques précautions[1].

Selon la coutume romaine, le cadavre de Jésus aurait dû rester suspendu pour devenir la proie des oiseaux[2]. Selon la loi juive, enlevé le soir, il eût été déposé dans le lieu infâme destiné à la sépulture des suppliciés[3]. Si Jésus n’avait eu pour disciples que ses pauvres Galiléens, timides et sans crédit, la chose se serait passée de cette seconde manière. Mais nous avons vu que, malgré son peu de succès à Jérusalem, Jésus avait gagné la sympathie de quelques personnes considérables, qui attendaient le royaume de Dieu, et qui, sans s’avouer ses disciples, avaient pour lui un profond attachement. Une de ces personnes, Joseph, de la petite ville d’Arimathie (Haramathaïm[4]),

  1. Les besoins de l’argumentation chrétienne portèrent plus tard à exagérer ces précautions, surtout quand les Juifs eurent adopté pour système de soutenir que le corps de Jésus avait été volé. Matth., xxvii, 62 et suiv. ; xxviii, 11-15.
  2. Horace, Épitres, I, xvi, 48 ; Juvénal, xiv, 77 ; Lucain, VI, 544 ; Plaute, Miles glor., II, iv, 19 ; Artémidore, Onir., II, 53 ; Pline, XXXVI, 24 ; Plutarque, Vie de Cléomène, 39 ; Pétrone, Sat., cxi-cxii.
  3. Mischna, Sanhédrin, vi, 5 et 6.
  4. Probablement identique à l’ancienne Rama de Samuel, dans la tribu d’Éphraïm.