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Le quatrième évangéliste, qui fait ici intervenir l’apôtre Jean comme témoin oculaire, insiste beaucoup sur ce détail[1]. Il est évident, en effet, que des doutes s’élevèrent sur la réalité de la mort de Jésus. Quelques heures de suspension à la croix paraissaient aux personnes habituées à voir des crucifiements tout à fait insuffisantes pour amener un tel résultat. On citait beaucoup de cas de crucifiés qui, détachés à temps, avaient été rappelés à la vie par des cures énergiques[2]. Origène, plus tard, se crut obligé d’invoquer le miracle pour expliquer une fin si prompte[3]. Le même étonnement se retrouve dans le récit de Marc[4]. À vrai dire, la meilleure garantie que possède l’historien sur un point de cette nature, c’est la haine soupçonneuse des ennemis de Jésus. Il est très-douteux que les Juifs fussent dès lors préoccupés de la crainte que Jésus ne passât pour ressuscité ; mais, en tout cas, ils devaient veiller à ce qu’il fût bien mort. Quelle qu’ait pu être à certaines époques la négligence des anciens en tout ce qui était ponctualité légale et conduite stricte des affaires, on ne peut croire

  1. Jean, xix, 31-35.
  2. Hérodote, VII, 194 ; Jos., Vita, 75.
  3. In Matth. Comment. series, 140.
  4. Marc, xv, 44-45.