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l’instrument de son supplice[1]. Mais Jésus, plus faible de corps que ses deux compagnons, ne put soutenir le poids de la sienne. L’escouade rencontra un certain Simon de Cyrène, qui revenait de la campagne, et les soldats, avec les brusques procédés des garnisons étrangères, le forcèrent de porter l’arbre fatal. Peut-être usaient-ils en cela d’un droit de corvée reconnu, les Romains ne pouvant se charger eux-mêmes du bois infâme. Il semble que Simon fut plus tard de la communauté chrétienne. Ses deux fils, Alexandre et Rufus[2], y étaient fort connus. Il raconta peut-être plus d’une circonstance dont il avait été témoin. Aucun disciple n’était à ce moment auprès de Jésus[3].

    la tradition, c’est qu’on pouvait avoir, pour se guider, du temps de Constantin, le temple de Vénus sur le Golgotha, élevé, dit-on, par Adrien, ou du moins le souvenir de ce temple. Mais ceci est loin d’être démonstratif. Eusèbe (Vita Const., iii, 26), Socrate (H. E., I, 17), Sozomène (H. E., II, 1), saint Jérôme (Epist. xlix, ad Paulin.), disent bien qu’il y avait un sanctuaire de Vénus sur l’emplacement qu’ils identifient avec celui du saint tombeau ; mais il n’est pas sûr : 1o qu’Adrien l’ait élevé ; 2o qu’il l’ait élevé sur un endroit qui s’appelait de son temps « Golgotha » ; 3o qu’il ait eu l’intention de l’élever à la place où Jésus souffrit la mort.

  1. Plutarque, De sera num. vind., 9 ; Artémidore, Onirocrit.. II, 56.
  2. Marc, xv, 21.
  3. La circonstance Luc, xxiii, 27-31, est de celles où l’on sent le travail d’une imagination pieuse et attendrie. Les paroles qu’on