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mots sans lesquels il eût été presque blasphématoire[1], peut-être aussi en retranchant ou modifiant quelques expressions[2]. Il faut se rappeler que la fortune littéraire de Josèphe se fit par les chrétiens, lesquels adoptèrent ses écrits comme des documents essentiels de leur histoire sacrée. Il s’en répandit, probablement au iie siècle, une édition corrigée selon les idées chrétiennes[3]. En tout cas, ce qui constitue l’immense intérêt des livres de Josèphe pour le sujet qui nous occupe, ce sont les vives lumières qu’ils jettent sur le temps. Grâce à l’historien juif, Hérode, Hérodiade, Antipas, Philippe, Anne, Caïphe, Pilate, sont des personnages que nous touchons pour ainsi dire, et que nous voyons vivre devant nous avec une frappante réalité.

Les Apocryphes de l’Ancien Testament, surtout la

  1. « S’il est permis de l’appeler homme. »
  2. Au lieu de ὁ Χριστὸς οὗτος ἦν, il y avait probablement Χριστὸς οὗτος ἐλέγετο. Cf. Ant., XX, ix, 1 ; Origène, In Matth., x, 17 ; Contre Celse, I, 47 ; II, 13.
  3. Eusèbe (Hist. eccl., I, 11, et Démonstr. évang., III, 5) cite le passage sur Jésus comme nous le lisons maintenant dans Josèphe. Origène (Contre Celse, I, 47 ; II, 13), Eusèbe (Hist. eccl., II, 23), saint Jérôme (De viris ill., 2, 13), Suidas (au mot Ἰώσηπος citent une autre interpolation chrétienne, laquelle ne se trouve dans aucun des manuscrits de Josèphe qui sont parvenus jusqu’à nous.