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route fatale, le royaume de Dieu s’approchait ou s’éloignait dans le mirage de leurs rêves. Pour lui, il se confirmait dans la pensée qu’il allait mourir, mais que sa mort sauverait le monde[1]. Le malentendu entre lui et ses disciples devenait à chaque instant plus profond.

L’usage était de venir à Jérusalem plusieurs jours avant la Pâque, afin de s’y préparer. Jésus arriva après les autres, et un moment ses ennemis se crurent frustrés de l’espoir qu’ils avaient eu de le saisir[2]. Le sixième jour avant la fête (samedi, 8 de nisan = 28 mars[3]), il atteignit enfin Béthanie. Il descendit, selon son habitude, dans la maison de Marthe et Marie, ou de Simon le Lépreux. On lui fit un grand accueil. Il y eut chez Simon le Lépreux[4] un dîner où se réunirent beaucoup de personnes, attirées par le désir de voir le nouveau prophète, et aussi, dit-on, de voir ce Lazare, dont on racontait tant de choses depuis quelques jours. Simon le Lépreux, assis à

  1. Matth., xx, 28.
  2. Jean, xi, 56.
  3. La Pâque se célébrait le 14 de nisan. Or, l’an 33, le 1er nisan répondit, ce semble, à la journée du samedi, 21 mars. L’incertitude du calendrier juif rend tous ces calculs douteux. Voir Mém. de l’Acad. des Inscr. et B.-L., t. XXIII, 2e partie, p. 367 et suiv. (nouvelle série).
  4. Matth., xxvi, 6 ; Marc, xiv, 3. Cf. Luc, vii, 40, 43-44.