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étrange d’aller au-devant de ce baptême qui seul pouvait étancher sa soif[1].

La grandeur de ses vues sur l’avenir était par moments surprenante. Il ne se dissimulait pas l’épouvantable orage qu’il allait soulever dans le monde. « Vous croyez peut-être, disait-il avec hardiesse et beauté, que je suis venu apporter la paix sur la terre ; non, je suis venu y jeter le glaive. Dans une maison de cinq personnes, trois seront contre deux, et deux contre trois. Je suis venu mettre la division entre le fils et le père, entre la fille et la mère, entre la bru et la belle-mère. Désormais les ennemis de chacun seront dans sa maison[2]. » — « Je suis venu porter le feu sur la terre ; tant mieux si elle brûle déjà[3] ! » — « On vous chassera des synagogues, disait-il encore, et l’heure viendra où l’on croira rendre un culte à Dieu en vous tuant[4]. Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront[5]. »

  1. Luc, xii, 50.
  2. Matth., x, 34-36 ; Luc, xii, 51-58. Comparez Michée, vii, 5-6.
  3. Luc, xii, 49. Voir le texte grec.
  4. Jean, xvi, 2.
  5. Jean, xv, 18-20.