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Les repas étaient devenus dans la communauté naissante un des moments les plus doux. À ce moment, on se rencontrait ; le maître parlait à chacun et entretenait une conversation pleine de gaieté et de charme. Jésus aimait cet instant et se plaisait à voir sa famille spirituelle ainsi groupée autour de lui[1]. L’usage juif était qu’au commencement du repas, le chef de maison prît le pain, le bénît avec une prière, le rompît, puis l’offrît à chacun des convives. Le vin était l’objet d’une sanctification analogue[2]. Chez les esséniens et les thérapeutes, le festin sacré avait déjà pris l’importance rituelle et les développements que la cène chrétienne prendra plus tard[3]. La participation au même pain était considérée comme une sorte de communion, de lien réciproque[4]. Jésus usait à cet égard de termes extrêmement énergiques, qui plus tard furent pris avec une littéralité effrénée. Jésus est à la fois très-idéaliste dans les conceptions et très-matérialiste dans l’expression. Voulant rendre cette

    bablement avec une tradition plus ancienne sur le rôle du poisson dans les repas évangéliques.

  1. Luc, xxii, 15.
  2. Matth., xiv, 19 ; Luc, xxiv, 30 ; Act., xxvii, 35 ; Talm. de Bab., Berakoth, 37 b. Cet usage se pratique encore aux tables israélites.
  3. Philon, De vita contempl., § 6-11 ; Josèphe, B. J., II, viii, 7.
  4. Act., ii, 46 ; xx, 7, 11 ; I Cor., x, 16-18.