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le zélote, Thaddée ou Lebbée, Juda de Kerioth[1]. Il est probable que l’idée des douze tribus d’Israël ne fut pas étrangère au choix de ce nombre[2]. Les « Douze », en tout cas, formaient un groupe de disciples privilégiés, où Pierre gardait sa primauté toute fraternelle[3], et auquel Jésus confia le soin de propager son œuvre. Rien qui sentît le collége sacerdotal régulièrement organisé ; les listes des « Douze » qui nous ont été conservées présentent beaucoup d’incertitudes et de contradictions ; deux ou trois de ceux qui y figurent restèrent complétement obscurs. Deux au moins, Pierre et Philippe[4], étaient mariés et avaient des enfants.

Jésus gardait évidemment pour les Douze des secrets qu’il leur défendait de communiquer à tous[5]. Il semble parfois que son plan était d’entourer sa personne de quelque mystère, de rejeter les grandes preuves après sa mort, de ne se révéler clairement qu’à ses disciples, confiant à ceux-ci le soin de le

  1. Matth., x, 2 et suiv. ; Marc, iii, 16 et suiv. ; Luc, vi, 14 et suiv., Act., i, 13 ; Papias, dans Eusèbe, Hist. eccl., III. 39.
  2. Matth., xix, 28 ; Luc, xxii, 30.
  3. Act., i, 15 ; ii, 14 ; v, 2-3, 29 ; viii, 19 ; xv, 7 ; Gal., i, 18.
  4. Pour Pierre, voir ci-dessus, p. 156 ; pour Philippe, voir Papias, Polycrate et Clément d’Alexandrie, cités par Eusèbe. Hist. eccl., III, 30, 31, 39 ; V, 24.
  5. Matth., xvi, 20 ; xvii, 9 ; Marc, viii, 30 ; ix, 8.