Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/421

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si le dernier terme du progrès, dans des millions de siècles, n’amènera pas la conscience absolue de l’univers, et dans cette conscience le réveil de tout ce qui a vécu ? Un sommeil d’un million d’années n’est pas plus long qu’un sommeil d’une heure. Saint Paul, en cette hypothèse, aurait encore eu raison de dire : In ictu oculi[1] ! Il est sûr que l’humanité morale et vertueuse aura sa revanche, qu’un jour le sentiment de l’honnête pauvre homme jugera le monde, et que, ce jour-là, la figure idéale de Jésus sera la confusion de l’homme frivole qui n’a pas cru à la vertu, de l’homme égoïste qui n’a pas su y atteindre. Le mot favori de Jésus reste donc plein d’une éternelle beauté. Une sorte de divination grandiose semble en ceci avoir guidé le maître incomparable et l’avoir tenu dans un vague sublime, embrassant à la fois divers ordres de vérités.

  1. I Cor., xv, 52.