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famille chrétienne pendant près de soixante et dix ans. Il était admis que quelques-uns des disciples verraient le jour de la révélation finale sans mourir auparavant. Jean en particulier passait pour devoir être de ce nombre[1]. Plusieurs croyaient qu’il ne mourrait jamais. Ce fut peut-être là une opinion tardive, produite vers la fin du premier siècle par l’âge avancé où Jean semble être parvenu, cet âge ayant donné occasion de croire que Dieu voulait le garder indéfiniment jusqu’au grand jour, afin de réaliser la parole de Jésus. Quand il mourut à son tour, la foi de plusieurs fut ébranlée, et ses disciples donnèrent à la prédiction du Christ un sens plus adouci[2].

En même temps que Jésus admettait pleinement les croyances apocalyptiques, telles qu’on les trouve dans les livres juifs apocryphes, il admettait le dogme qui en est le complément, ou plutôt la condition, la résurrection des morts. Cette doctrine, comme nous l’avons déjà dit[3], était encore assez neuve en Israël ;

  1. Jean, xxi, 22-23.
  2. Ibid. Le chapitre xxi du quatrième Évangile est une addition, comme le prouve la formule finale de la rédaction primitive, qui est au verset 31 du chapitre xx. Mais l’addition est presque contemporaine de la publication même dudit Évangile.
  3. Ci-dessus, p. 56-57.