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l’horizon[1]. Mais ses déclarations sur la proximité de la catastrophe ne laissent lieu à aucune équivoque[2]. « La génération présente, disait-il, ne passera pas sans que tout cela s’accomplisse. Plusieurs de ceux qui sont ici présents ne goûteront pas la mort sans avoir vu le Fils de l’homme venir dans sa royauté[3].» Il reproche à ceux qui ne croient pas en lui de ne pas savoir lire les pronostics du règne futur. « Quand vous voyez le rouge du soir, disait-il, vous prévoyez qu’il fera beau ; quand vous voyez le rouge du matin, vous annoncez la tempête. Comment, vous qui jugez la face du ciel, ne savez-vous pas reconnaître les signes du temps[4] ? » Par une illusion commune à tous les grands réformateurs, Jésus se figurait le but beaucoup plus proche qu’il n’était ; il ne tenait pas compte de la lenteur des mouvements de l’humanité ; il s’imaginait réaliser en un jour ce qui, dix-huit cents ans plus tard, ne devait pas encore être achevé.

Ces déclarations si formelles préoccupèrent la

  1. Luc, xvii, 24.
  2. Matth., x, 23 ; xxiv-xxv entiers, et surtout xxiv, 29, 34 ; Marc, xiii, 30 ; Luc, xiii, 35 ; xxi, 28 et suiv.
  3. Matth., xvi, 28 ; xxiii, 36, 39 ; xxiv, 34 ; Marc, viii, 39 ; Luc, ix, 27 ; xxi, 32.
  4. Matth., xvi, 2-4 : Luc, xii, 54-56.