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Les idées apocalyptiques de Jésus, dans leur forme la plus complète, peuvent se résumer ainsi :

L’ordre actuel de l’humanité touche à son terme. Ce terme sera une immense révolution, « une angoisse» semblable aux douleurs de l’enfantement ; une palingénésie ou « renaissance » (selon le mot de Jésus lui-même[1]), précédée de sombres calamités et annoncée par d’étranges phénomènes[2]. Au grand jour, éclatera dans le ciel le signe du Fils de l’homme ; ce sera une vision bruyante et lumineuse comme celle du Sinaï, un grand orage déchirant la nue, un trait de feu jaillissant en un clin d’œil d’orient en occi-

  1. Matth., xix, 28.
  2. Matth., xxiv, 3 et suiv. ; Marc, xiii, 4 et suiv. ; Luc, xvii, 22 et suiv. ; xxi, 7 et suiv. Il faut remarquer que la peinture de la fin des temps prêtée ici à Jésus par les synoptiques renferme beaucoup de traits qui se rapportent au siége de Jérusalem. Luc écrivait quelque temps après ce siége (xxi, 9, 20, 24). La rédaction de Matthieu (xxvi, 15, 16, 22, 29), au contraire, nous reporte exactement au moment du siége ou très-peu après. Nul doute, cependant, que Jésus n’annonçât de grandes terreurs comme devant précéder sa réapparition. Ces terreurs étaient une partie intégrante de toutes les apocalypses juives. Hénoch, xcix-c, cii, ciii (division de Dillmann) ; Carm. sibyll., III, 334 et suiv. ; 633 et suiv. : IV, 168 et suiv. ; V, 511 et suiv. ; Assomption de Moïse, c. 5 et suiv. (édit. Hilgenfeld) ; Apocalypse de Baruch, dans Ceriani, Monum., tom. I, fasc. ii, p. 79 et suiv. Dans Daniel aussi, le règne des saints ne viendra qu’après que la désolation aura été à son comble (vii, 25 et suiv. ; viii, 23 et suiv. ; ix, 26-27 : xii, 1).