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l’émancipation des pauvres[1]. L’une et l’autre étaient les signes de la grande révolution qui devait aboutir au redressement de toutes les infirmités. Les esséniens, qui ont tant de liens de parenté avec Jésus, passaient aussi pour des médecins spirituels très-puissants[2].

Un des genres de guérison que Jésus opère le plus souvent est l’exorcisme, ou l’expulsion des démons. Une facilité étrange à croire aux démons régnait dans tous les esprits. C’était une opinion universelle, non-seulement en Judée, mais dans le monde entier, que les démons s’emparent du corps de certaines personnes et les font agir contrairement à leur volonté. Un div persan, plusieurs fois nommé dans l’Avesta[3], Aëschma-daëva, « le div de la concupiscence », adopté par les Juifs sous le nom d’Asmodée[4], devint la cause de tous les troubles hystériques chez les femmes[5]. L’épilepsie, les maladies mentales et nerveuses[6], où

  1. Matth., xi, 5 ; xv, 30-31 ; Luc, ix, 1-2, 6.
  2. Voir ci-dessus, p. 36-37, note.
  3. Vendidad, xi, 26 : Yaçna, x, 18.
  4. Tobie, iii, 8 ; vi, 14 ; Talm. de Bab., Gittin, 68 a.
  5. Comp. Marc, xvi, 9 ; Luc, viii, 2 ; Évangile de l’Enfance, 16, 33 ; Code syrien, publié dans les Anecdota syriaca de M. Land, I, p. 152.
  6. Jos., Bell, jud., VII, vi, 3 ; Lucien, Philopseud., 16 ; Philostrate, Vie d’Apoll., III, 38 ; IV, 20 ; Arétée, De causis morb. chron., I, 4