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peut, un sourire, une espérance, et cela n’est pas vain.

Jésus, pas plus que la majorité de ses compatriotes, n’avait l’idée d’une science médicale rationnelle ; il croyait avec presque tout le monde que la guérison devait surtout s’opérer par des pratiques religieuses, et une telle croyance était parfaitement conséquente. Du moment qu’on regardait la maladie comme la punition d’un péché[1], ou comme le fait d’un démon[2], nullement comme le résultat de causes physiques, le meilleur médecin était le saint homme, qui avait du pouvoir dans l’ordre surnaturel. Guérir était considéré comme une chose morale ; Jésus, qui sentait sa force morale, devait se croire spécialement doué pour guérir. Convaincu que l’attouchement de sa robe[3], l’imposition de ses mains[4], l’application de sa salive[5], faisaient du bien aux malades, il aurait été dur, s’il avait refusé à ceux qui souffraient un soulagement qu’il était en son pouvoir de leur accorder. La guérison des malades était considérée comme un des signes du royaume de Dieu, et toujours associée à

  1. Jean, v, 14 ; ix, 1 et suiv., 34.
  2. Matth., ix, 32-33 ; xii, 22 ; Luc, xiii, 11, 16.
  3. Luc, viii, 45-46.
  4. Luc, iv, 40.
  5. Marc, viii, 23 : Jean, ix, 6.