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de la Divinité, ils le font agir purement en homme. Il est tenté, il ignore bien des choses, il se corrige, il change d’avis[1] ; il est abattu, découragé ; il demande à son Père de lui épargner des épreuves ; il est soumis à Dieu, comme un fils[2]. Lui qui doit juger le monde, il ne connaît pas le jour du jugement[3]. Il prend des précautions pour sa sûreté[4]. Peu après sa naissance, on est obligé de le faire disparaître pour éviter des hommes puissants qui voulaient le tuer[5]. Dans les exorcismes, le diable le chicane et ne sort pas du premier coup[6]. Dans ses miracles, on sent un effort pénible, une fatigue comme si quelque chose sortait de lui[7]. Tout cela est simplement le fait d’un envoyé de Dieu, d’un homme protégé et favorisé de Dieu[8]. Il ne faut demander ici ni logique ni conséquence. Le besoin que Jésus avait de se donner du crédit et l’enthousiasme de ses disciples

  1. Matth., x, 5, comparé à xxviii, 19 ; Marc, vii, 24, 27, 29.
  2. Matth., xxvi, 39 et suiv. ; Marc, xiv, 32 et suiv. ; Luc, xxii, 42 et suiv. ; Jean, xii, 27.
  3. Marc, xiii, 32. Comp. Matth., xxiv, 36.
  4. Matth., xii, 14-16 ; xiv, 13 ; Marc, iii, 6-7 ; ix, 29-30 ; Jean, vii, 1 et suiv.
  5. Matth., ii, 20.
  6. Matth., xvii, 20 ; Marc, ix, 25.
  7. Luc, viii, 45-46 ; Jean, xi, 33, 38.
  8. Act., ii, 22.