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gine sacerdotale, ni Hérode, ni les Romains ne songent un moment qu’il existe autour d’eux un représentant quelconque des droits de l’antique dynastie. Mais, depuis la fin des Asmonéens, le rêve d’un descendant inconnu des anciens rois, qui vengerait la nation de ses ennemis, travaillait toutes les têtes. La croyance universelle était que le Messie serait fils de David[1], et naîtrait comme lui à Bethléhem[2]. Le sentiment premier de Jésus n’était pas précisément cela. Son règne céleste n’avait rien de commun avec le souvenir de David, qui préoccupait la masse des Juifs. Il se croyait fils de Dieu, et non pas fils de David. Son royaume et la délivrance qu’il méditait étaient d’un tout autre ordre. Mais l’opinion ici lui fit une sorte de violence. La

    notoriété, comment se fait-il qu’on ne la voie jamais figurer à côté des Sadokites, des Boëthuses, des Asmonéens, des Hérodes, dans les grandes luttes du temps ? Hégésippe et Eusèbe, H. E., III, 19 et 20, n’offrent qu’un écho de la tradition chrétienne.

  1. Matth., xxii, 42 ; Marc, xii, 35 ; Luc, i, 32 ; Act., ii, 29 et suiv. ; IVe livre d’Esdras, xii, 32 (dans les versions syriaque, arabe, éthiopienne et arménienne). Ben David, dans le Talmud, désigne fréquemment le Messie. Voir, par exemple, Talm. de Bab., Sanhédrin, 97 a.
  2. Matth., ii, 5-6 ; Jean, vii, 41-42. On se fondait, assez arbitrairement, sur le passage, peut-être altéré, de Michée, v, 1. Comp. le Targum de Jonathan. Le texte hébreu primitif portait probablement Beth-Ephrata.