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études profanes, formé à la tolérance par son commerce avec la haute société[1]. À l’encontre des pharisiens très-sévères, qui marchaient voilés ou les yeux fermés, il regardait les femmes, même les païennes[2]. La tradition le lui pardonna, comme d’avoir su le grec, parce qu’il approchait de la cour[3]. Après la mort de Jésus, il exprima, dit-on, sur la secte nouvelle des vues très-modérées[4]. Saint Paul sortit de son école[5]. Mais il est bien probable que Jésus n’y entra jamais.

Une pensée du moins que Jésus emporta de Jérusalem, et qui dès à présent paraît chez lui enracinée, c’est qu’il ne faut songer à aucun pacte avec l’ancien culte juif. L’abolition des sacrifices qui lui avaient causé tant de dégoût, la suppression d’un sacerdoce impie et hautain, et, dans un sens général, l’abrogation de la Loi lui parurent d’une absolue nécessité. À partir de ce moment, ce n’est plus en réformateur juif, c’est en destructeur du judaïsme qu’il se pose. Quelques partisans des idées messianiques avaient déjà admis que le Messie apporterait une loi nou-

  1. Mischna, Baba metsia, v, 8 ; Talm. de Bab., Sota, 49 b.
  2. Talm. de Jérus., Berakoth, ix, 2.
  3. Passage Sota, précité, et Baba kama, 83 a.
  4. Act., v, 34 et suiv.
  5. Ibid., xxii, 3.