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de détails assez repoussants, surtout des opérations mercantiles, par suite desquelles de vraies boutiques s’étaient établies dans l’enceinte sacrée. On y vendait des bêtes pour les sacrifices ; il s’y trouvait des tables pour l’échange de la monnaie ; par moments, on se serait cru dans un marché[1]. Les bas officiers du temple remplissaient sans doute leurs fonctions avec la vulgarité irréligieuse des sacristains de tous les temps. Cet air profane et distrait dans le maniement des choses saintes blessait le sentiment religieux de Jésus, parfois porté jusqu’au scrupule[2]. Il disait qu’on avait fait de la maison de prière une caverne de voleurs. Un jour même, dit-on, la colère l’emporta ; il frappa à coups de fouet ces ignobles vendeurs et renversa leurs tables[3]. En général, il aimait peu le temple. Le culte qu’il avait conçu pour son Père n’avait rien à faire avec des scènes de boucherie. Toutes ces vieilles institutions juives lui déplaisaient, et il souffrait d’être obligé de s’y conformer. Aussi le temple ou son emplacement n’inspirèrent-ils de sentiments pieux, dans le sein du christianisme,

  1. Talm. de Bab., Rosch hasschana, 31 a ; Sanhédrin, 41 a ; Schabbath, 15 a.
  2. Marc, xi, 16.
  3. Matth., xxi, 12 et suiv. ; Marc, xi, 15 et suiv. ; Luc, xix, 45 et suiv. ; Jean, ii, 14 et suiv.