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et les portiques environnants servaient journellement de rendez-vous à une foule considérable, si bien que ce grand espace était à la fois le temple, le forum, le tribunal, l’université. Toutes les discussions religieuses des écoles juives, tout l’enseignement canonique, les procès même et les causes civiles, toute l’activité de la nation, en un mot, était concentrée là[1]. C’était un perpétuel cliquetis d’arguments, un champ clos de disputes, retentissant de sophismes et de questions subtiles. Le temple avait ainsi beaucoup d’analogie avec une mosquée musulmane. Pleins d’égards à cette époque pour les religions étrangères, quand elles restaient sur leur propre territoire[2], les Romains s’interdirent l’entrée du sanctuaire ; des inscriptions grecques et latines marquaient le point jusqu’où il était permis aux non-juifs de s’avancer[3]. Mais la tour Antonia, quartier général de la force romaine, dominait toute l’enceinte et permettait de voir ce qui s’y passait[4]. La police du temple appartenait aux Juifs ; un capitaine du temple

  1. Luc, ii, 46 et suiv. ; Mischna, Sanhédrin, x, 2 ; Talm. de Bab., Sanhédrin, 41 a ; Rosch hasschana, 31 a.
  2. Suet. Aug., 93.
  3. Philo, Legatio ad Caium, § 31 ; Jos., B. J., V, v, 2 ; VI, ii, 4 ; Act., xxi, 28.
  4. Des traces de la tour Antonia se voient encore dans la partie septentrionale du haram.