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« deux témoins fidèles », vêtus d’habits de pénitence, serait le préambule du grand drame qui allait se dérouler à la stupéfaction de l’univers[1].

On comprend qu’avec ces idées, Jésus et ses disciples ne pouvaient hésiter sur la mission de Jean-Baptiste. Quand les scribes leur faisaient cette objection qu’il ne pouvait encore être question du Messie, puisque Élie n’était pas venu[2], ils répondaient qu’Élie était venu, que Jean était Élie ressuscité[3]. Par son genre de vie, par son opposition aux pouvoirs politiques établis, Jean rappelait, en effet, cette figure étrange de la vieille histoire d’Israël[4]. Jésus ne tarissait pas sur les mérites et l’excellence de son précurseur. Il disait que, parmi les enfants des hommes, il n’en était pas né de plus grand. Il blâmait énergiquement les pharisiens et les docteurs de ne pas avoir accepté son baptême, et de ne pas s’être convertis à sa voix[5].

Les disciples de Jésus furent fidèles à ces principes du maître. Le respect de Jean fut une tradition con-

  1. Apoc., xi, 3 et suiv.
  2. Marc, ix, 10.
  3. Matth., xi, 14 ; xvii, 10-13 ; Marc, vi, 15 ; ix, 10-12 ; Luc, ix, 8 ; Jean, i, 21-25.
  4. Luc, i, 17.
  5. Matth., xxi, 32 ; Luc, vii, 29-30.