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mères, encouragées par un tel accueil, lui apportaient leurs nourrissons pour qu’il les touchât[1]. Des femmes venaient verser de l’huile sur sa tête et des parfums sur ses pieds. Ses disciples les repoussaient parfois comme importunes ; mais Jésus, qui aimait les usages antiques et tout ce qui indique la simplicité du cœur, réparait le mal fait par ses amis trop zélés. Il protégeait ceux qui voulaient l’honorer[2]. Aussi les enfants et les femmes l’adoraient. Le reproche d’aliéner de leur famille ces êtres délicats, toujours prompts à être séduits, était un de ceux que lui adressaient le plus souvent ses ennemis[3].

La religion naissante fut ainsi à beaucoup d’égards un mouvement de femmes et d’enfants. Ces derniers faisaient autour de Jésus comme une jeune garde pour l’inauguration de son innocente royauté, et lui décernaient de petites ovations auxquelles il se plaisait fort, l’appelant « fils de David, » criant : Hosanna ![4] et portant des palmes autour de lui. Jésus,

  1. Marc, x, 13 et suiv. ; Luc, xviii, 15.
  2. Matth., xxvi, 7 et suiv. ; Marc, xiv, 3 et suiv. ; Luc, vii, 37 et suiv.
  3. Évangile de Marcion, addition au v. 2 du ch. xxiii de Luc (Épiph., Adv. hær., xlii, 11). Si les retranchements de Marcion sont sans valeur critique, il n’en est pas de même de ses additions, quand elles peuvent provenir, non d’un parti pris, mais de l’état des manuscrits dont il se servait.
  4. Cri qu’on poussait à la procession de la fête des Tabernacles,