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niers et des pécheurs. » Cette fois encore, la Sagesse a été justifiée par ses œuvres[1]. »

Il parcourait ainsi la Galilée au milieu d’une fête perpétuelle. Il se servait d’une mule, monture en Orient si bonne et si sûre, et dont le grand œil noir, ombragé de longs cils, a beaucoup de douceur. Ses disciples déployaient quelquefois autour de lui une pompe rustique, dont leurs vêtements, tenant lieu de tapis, faisaient les frais. Ils les mettaient sur la mule qui le portait, ou les étendaient à terre sur son passage[2]. Quand il descendait dans une maison, c’était une joie et une bénédiction. Il s’arrêtait dans les bourgs et les grosses fermes, où il recevait une hospitalité empressée. En Orient, la maison où descend un étranger devient aussitôt un lieu public. Tout le village s’y rassemble ; les enfants y font invasion ; les valets les écartent ; ils reviennent toujours. Jésus ne pouvait souffrir qu’on rudoyât ces naïfs auditeurs ; il les faisait approcher de lui et les embrassait[3]. Les

  1. Matth., xi, 16 et suiv. ; Luc, vii, 34 et suiv. Proverbe qui veut dire : « L’opinion des hommes est aveugle. La sagesse des œuvres de Dieu n’est proclamée que par ces œuvres elles-mêmes. » Je lis ἔργων, avec le manuscrit B du Vatican et le Codex Sinaïticus, et non τέκνων. On aura corrigé Matth., xi, 19, d’après Luc, vii, 35, qui paraissait plus clair.
  2. Matth., xxi, 7-8.
  3. Matth., xix, 13 et suiv. ; Marc, ix, 36 ; x, 13 et suiv. ; Luc, xviii, 15-16.