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Judée n’étaient pas les fermiers généraux, hommes d’un rang élevé (toujours chevaliers romains) qu’on appelait à Rome publicani[1]. C’étaient les agents de ces fermiers généraux, des employés de bas étage, de simples douaniers. La grande route d’Acre à Damas, une des plus anciennes routes du monde, qui traversait la Galilée en touchant le lac[2] y multipliait fort ces sortes d’employés. Capharnahum, qui était peut-être sur la voie, en possédait un nombreux personnel[3]. Cette profession n’est jamais populaire ; mais chez les Juifs elle passait pour tout à fait criminelle. L’impôt, nouveau pour eux, était le signe de leur vassalité ; une école, celle de Juda le

    13. Le récit primitif est ici celui qui porte : « Lévi, fils d’Alphée ». Le dernier rédacteur du premier Évangile a substitué à ce nom celui de Matthieu, en vertu d’une tradition plus ou moins solide selon laquelle cet apôtre aurait exercé la même profession (Matth., x, 3). Il faut se rappeler que, dans l’Évangile actuel de Matthieu, la seule partie qui puisse être de l’apôtre, ce sont les Discours de Jésus. Voir Papias, dans Eusèbe, Hist. eccl., III, 39.

  1. Cicéron, De provinc. consular., 5 ; Pro Plancio, 9 ; Tac., Ann., IV, 6 ; Pline, Hist. nat., XII, 32 ; Appien, Bell. civ., II, 13.
  2. Elle est restée célèbre, jusqu’au temps des croisades, sous le nom de via Maris. Cf. Isaïe, ix, 1 ; Matth., iv, 13-15 ; Tobie, i, 1. Je pense que le chemin taillé dans le roc, près d’Aïn-et-Tin, en faisait partie, et que la route se dirigeait de là vers le pont des Filles de Jacob, tout comme aujourd’hui. Une partie de la route d’Aïn-et-Tin à ce pont est de construction antique.
  3. Matth., ix, 9 et suiv.