Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/272

Cette page a été validée par deux contributeurs.

temple de marbre qu’Hérode fit élever près de là en l’honneur d’Auguste[1] ; il s’arrêta probablement devant les nombreuses statues votives à Pan, aux Nymphes, à l’Écho de la grotte, que la piété entassait peut-être déjà en ce bel endroit[2]. Un Juif évhémériste, habitué à prendre des dieux étrangers pour des hommes divinisés ou pour des démons, devait considérer toutes ces représentations figurées comme des idoles. Les séductions des cultes naturalistes, qui enivraient les races plus sensitives, le laissèrent froid. Il n’eut sans doute aucune connaissance de ce que le vieux sanctuaire de Melkarth, à Tyr, pouvait renfermer encore d’un culte primitif plus ou moins analogue à celui des Juifs[3]. Le paganisme, qui, en Phénicie, avait élevé sur chaque colline un temple et un bois sacré, tout cet aspect de grande industrie et de richesse profane[4], durent peu lui sourire. Le monothéisme enlève toute aptitude à comprendre les religions païennes ; le musulman jeté dans les pays

  1. Jos., Ant., XV, x, 3 ; B.J., I, xxi, 3. Comparez les monnaies de Philippe. Madden, Hist. of jewish coinage, p. 101 et suiv.
  2. Corpus inscr. gr., nos 4537, 4538, 4538 b, 4539. Ces inscriptions sont, il est vrai, pour la plupart, d’époque assez moderne.
  3. Lucianus (ut fertur), De dea syria, 3.
  4. Les traces de la riche civilisation païenne de ce temps couvrent encore tout le Beled-Bescharrah, et surtout les montagnes qui forment le massif du cap Blanc et du cap Nakoura.