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sale bâtie par Alexandre Jannée, puis relevée par Hérode, dans un des ouadis les plus abrupts à l’orient de la mer Morte[1]. C’était un pays sauvage, étrange, rempli de légendes bizarres et qu’on croyait hanté des démons[2]. La forteresse était juste à la limite des États de Hâreth et d’Antipas. À ce moment-là, elle était en la possession de Hâreth[3]. Celui-ci averti avait tout fait préparer pour la fuite de sa fille, qui, de tribu en tribu, fut reconduite à Pétra.

L’union presque incestueuse[4] d’Antipas et d’Hérodiade s’accomplit alors. Les prescriptions juives sur le mariage étaient sans cesse une pierre de scandale entre l’irréligieuse famille des Hérodes et les Juifs sévères[5]. Les membres de cette dynastie nombreuse et assez isolée étant réduits à se marier entre eux, il en résultait de fréquentes violations des empêchements établis par la Loi. Jean fut l’écho du sentiment général en blâmant énergiquement Antipas[6].

    biit, ix, 2) et dans les Targums de Jonathan et de Jérusalem (Nombres, xxii, 35).

  1. Aujourd’hui Mkaur, au-dessus du ouadi Zerka-Maïn. Voir la carte de la mer Morte, par M. Vignes (Paris, 1865).
  2. Josèphe, De bell. Jud., VII, vi, 1 et suiv.
  3. Jos., Ant., XVIII, v, 1.
  4. Lévitique, xviii, 16.
  5. Jos., Ant., XV, vii, 10.
  6. Matth., xiv, 4 : Marc, vi, 18 ; Luc, iii, 19.