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au clergé officiel. Le ton général de ses sermons était sévère et dur. Les expressions dont il se servait contre ses adversaires paraissent avoir été des plus violentes[1]. C’était une rude et continuelle invective. Il est probable qu’il ne resta pas étranger à la politique. Josèphe, qui le toucha presque par son maître Banou, le laisse entendre à mots couverts[2], et la catastrophe qui mit fin à ses jours semble le supposer. Ses disciples menaient une vie fort austère[3], jeûnaient fréquemment, affectaient un air triste et soucieux. On voit poindre par moments dans l’école la communauté des biens et cette pensée que le riche est obligé de partager ce qu’il a[4]. Le pauvre apparaît déjà comme celui qui doit bénéficier en première ligne du royaume de Dieu.

Quoique le champ d’action du baptiste fût la Judée, sa renommée pénétra vite en Galilée et arriva jusqu’à Jésus, qui avait déjà formé autour de lui par

  1. Matth., iii, 7 ; Luc, iii, 7.
  2. Ant., XVIII, v, 2. Il faut observer que, quand Josèphe expose les doctrines secrètes et plus ou moins séditieuses de ses compatriotes, il efface tout ce qui a trait aux croyances messianiques, et répand sur ces doctrines, pour ne pas faire ombrage aux Romains, un vernis de banalité, qui fait ressembler tous les chefs de sectes juives à des professeurs de morale ou à des stoïciens.
  3. Matth., ix, 14.
  4. Luc, iii, 11 (faible autorité).