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dait la moindre parole dure[1], il interdisait le divorce[2] et tout serment[3], il blâmait le talion[4], il condamnait l’usure[5], il trouvait le désir voluptueux aussi criminel que l’adultère[6]. Il voulait un pardon universel des injures[7]. Le motif dont il appuyait ces maximes de haute charité était toujours le même : « ... Pour que vous soyez les fils de votre Père céleste, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants. Si vous n’aimez, ajoutait-il, que ceux qui vous aiment, quel mérite avez-vous ? Les publicains le font bien. Si vous ne saluez que vos frères, qu’est-ce que cela ? Les païens le font bien. Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait[8]. »

Un culte pur, une religion sans prêtres et sans pratiques extérieures, reposant toute sur les senti-

  1. Matth., v, 22.
  2. Ibid., v, 31 et suiv. Comparez Talmud de Babylone, Sanhédrin, 22 a.
  3. Matth., v, 33 et suiv.
  4. Ibid., v, 38 et suiv.
  5. Ibid., v, 42. La Loi l’interdisait aussi (Deutér., xv, 7-8), mais moins formellement, et l’usage l’autorisait (Luc, vii, 41 et suiv.).
  6. Matth., xxvii, 28. Comparez Talmud, Masséket Kalla (édit. Fürth, 1793), fol. 34 b.
  7. Matth., v, 23 et suiv.
  8. Ibid., v, 45 et suiv. Comparez Lévit., xi, 44 ; xix, 2 ; Eph., v, 1, et l’ὁμοίωσις τῷ θεῷ de Platon.