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d’ordinaire sur les devoirs tracés par la Loi et les anciens, il voulait la perfection. Toutes les vertus d’humilité, de pardon, de charité, d’abnégation, de dureté pour soi-même, vertus qu’on a nommées à bon droit chrétiennes, si l’on veut dire par là qu’elles ont été vraiment prêchées par le Christ, étaient en germe dans ce premier enseignement. Pour la justice, il se contentait de répéter l’axiome répandu : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît à toi-même[1]. » Mais cette vieille sagesse, encore assez égoïste, ne lui suffisait pas. Il allait aux excès :

« Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui l’autre. Si quelqu’un te fait un procès pour ta tunique, abandonne-lui ton manteau[2]. »


    se présenteront. On a parfois supposé que, la rédaction du Talmud étant postérieure à celle des Évangiles, des emprunts ont pu être faits par les compilateurs juifs à la morale chrétienne. Mais cela est inadmissible : les maximes du Talmud qui répondent à des sentences évangéliques sont datées avec précision par les noms des docteurs à qui on les attribue. Ces attributions écartent l’idée de tels emprunts.

  1. Matth., vii, 12 ; Luc, vi, 31. Cet axiome est déjà dans le livre de Tobie, iv, 16. Hillel s’en servait habituellement (Talm. de Bab., Schabbath, 31 a), et déclarait, comme Jésus, que c’était l’abrégé de la Loi.
  2. Matth., v, 39 et suiv. ; Luc, vi, 29. Comparez Jérémie, Lament., iii, 30.