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froid et la raison, dénués de moralité, au milieu de fanatiques passionnés. Mais son idée d’un royaume profane d’Israël, lors même qu’elle n’eût pas été un anachronisme dans l’état du monde où il la conçut, aurait échoué, comme le projet semblable que forma Salomon, contre les difficultés venant du caractère même de la nation. Ses trois fils ne furent que des lieutenants des Romains, analogues aux radjas de l’Inde sous la domination anglaise. Antipater ou Antipas, tétrarque de la Galilée et de la Pérée, dont Jésus fut le sujet durant toute sa vie, était un prince paresseux et nul[1], favori et adulateur de Tibère[2], trop souvent égaré par l’influence mauvaise de sa seconde femme Hérodiade[3]. Philippe, tétrarque de la Gaulonitide et de la Batanée, sur les terres duquel Jésus fit de fréquents voyages, était un beaucoup meilleur souverain[4]. Quant à Archélaüs, ethnarque de Jérusalem, Jésus ne put le connaître. Il avait environ dix ans quand cet homme faible et sans caractère, parfois violent, fut déposé par Auguste[5]. La dernière trace d’un gouvernement indépendant fut de la sorte

  1. Jos., Ant., XVIII, v, 1 ; vii, 1 et 2 ; Luc, iii, 19.
  2. Jos., Ant., XVIII, ii, 3 ; iv, 5 ; v, 1.
  3. Ibid., XVIII, vii, 2.
  4. Ibid., XVIII, iv, 6.
  5. Ibid., XVII, xii, 2, et B. J., II, 3.