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raison n’eut-il aucune connaissance de la culture grecque. Cette culture était proscrite par les docteurs palestiniens, qui enveloppaient dans une même malédiction « celui qui élève des porcs et celui qui apprend à son fils la science grecque[1] ». En tout cas, elle n’avait pas pénétré dans les petites villes comme Nazareth. Nonobstant l’anathème des docteurs, il est vrai, quelques Juifs avaient déjà embrassé la culture hellénique. Sans parler de l’école juive d’Égypte, où les tentatives pour amalgamer l’hellénisme et le judaïsme se continuaient depuis près de deux cents ans, un Juif, Nicolas de Damas, était devenu, dans ce temps même, l’un des hommes les plus distingués, les plus instruits, les plus considérés de son siècle. Bientôt Josèphe devait fournir un autre exemple de Juif complétement hellénisé. Mais Nicolas n’avait de juif que le sang ; Josèphe déclare avoir été parmi ses contemporains une exception[2], et toute l’école schismatique d’Égypte s’était détachée de Jérusalem à tel point, qu’on n’en trouve

    7, 9 ; xxx, 3 ; S. Jérôme, In Matth, xii, 13 ; Dial. adv. Pelag., III, 2).

  1. Mischna, Sanhédrin, xi, 1 ; Talmud de Babylone, Baba kama, 82 b et 83 a ; Sota, 49, a et b : Menachoth, 64 b. Comp. II Macch., iv, 10 et suiv.
  2. Jos., Ant., XX, xi, 2.