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La famille, qu’elle provînt d’un ou de plusieurs mariages, était assez nombreuse. Jésus avait des frères et des sœurs[1], dont il semble avoir été l’aîné[2]. Tous sont restés obscurs ; car il paraît que les quatre personnages qui sont donnés comme ses frères, et parmi lesquels un au moins, Jacques, est arrivé à une grande importance dans les premières années du développement du christianisme, étaient ses cousins germains. Marie, en effet, avait une sœur nommée aussi Marie[3], qui épousa un certain Alphée ou Cléophas (ces deux noms paraissent désigner une même

  1. Matth., i, 25 (texte reçu) ; xii, 46 et suiv. ; xiii, 55 et suiv. ; Marc, iii, 31 et suiv. ; vi, 3 ; Luc, ii, 7 ; viii, 19 et suiv. ; Jean, ii, 12 ; vii, 3, 5, 10 ; Act., i, 14 ; Hégésippe, dans Eusèbe, H. E., III, 20. L’assertion que le mot ah (frère) aurait en hébreu un sens plus large qu’en français est tout à fait fausse. La signification du mot ah est identiquement la même que celle du mot « frère ». Les emplois métaphoriques, ou abusifs, ou erronés, ne prouvent rien contre le sens propre. De ce qu’un prédicateur appelle ses auditeurs « mes frères », en conclura-t-on que le mot « frère » n’a pas en français un sens très-précis ? Or, il est évident que, dans les passages précités, le mot « frère» n’est pas pris au sens figuré. Remarquez en particulier Matth., xii, 46 et suiv., qui exclut également le sens abusif de « cousin ».
  2. Matth., i, 25 ; Luc, ii, 7. Il y a des doutes critiques sur le texte de Matthieu, mais non sur celui de Luc.
  3. Jean, xix, 25. Ces deux sœurs portant le même nom sont un fait singulier. Il y a là probablement quelque inexactitude, venant de l’habitude de donner presque indistinctement aux Galiléennes le nom de Marie.