Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

produit devant une réunion d’hommes capables de constater le caractère miraculeux d’un fait. Ni les personnes du peuple, ni les gens du monde ne sont compétents pour cela. Il y faut de grandes précautions et une longue habitude des recherches scientifiques. De nos jours, n’a-t-on pas vu presque tous les gens du monde dupes de grossiers prestiges ou de puériles illusions ? Des faits merveilleux attestés par des petites villes tout entières sont devenus, grâce à une enquête plus sévère, des faits condamnables[1]. Puisqu’il est avéré qu’aucun miracle contemporain ne supporte la discussion, n’est-il pas probable que les miracles du passé, qui se sont tous accomplis dans des réunions populaires, nous offriraient également, s’il nous était possible de les critiquer en détail, leur part d’illusion ?

Ce n’est donc pas au nom de telle ou telle philosophie, c’est au nom d’une constante expérience, que nous bannissons le miracle de l’histoire. Nous ne disons pas : « Le miracle est impossible ; » nous disons : « Il n’y a pas eu jusqu’ici de miracle constaté. » Que demain un thaumaturge se présente avec des garanties assez sérieuses pour être discuté ;

  1. Voir la Gazette des Tribunaux, 10 sept, et 11 nov. 1851, 28 mai 1857.