je ne puis plus revenir au catholicisme que par l’amputation d’une faculté, en stigmatisant définitivement ma raison et lui commandant pour toujours le silence respectueux, et même plus, le silence absolu. Oui, si je revenais, je cesserais ma vie d’étude et d’examen, persuadé qu’elle ne peut me mener qu’au mal, et je ne vivrais plus que de la vie mystique, telle que l’entendent les catholiques. Car, pour la vie banale, Dieu, je l’espère, m’en délivrera toujours. Le catholicisme suffit à toutes mes facultés, sauf ma raison critique ; je n’espère pas pour l’avenir de satisfaction plus complète ; il faut donc ou renoncer au catholicisme, ou amputer cette faculté. Cette opération est difficile et douloureuse ; mais croyez bien que, si ma conscience morale ne s’y opposait pas, si Dieu venait ce soir me dire que cela lui est agréable, je le ferais. Vous ne me reconnaîtriez plus alors, je n’étudierais plus, et ne penserais plus critiquement, je serais un mystique déterminé. Croyez bien aussi qu’il faut que j’aie été rudement secoué pour m’arrêter à la possibilité d’une pareille hypothèse, qui se présente à moi plus affreuse que la mort. Mais je ne désespérerais pas d’y trouver une veine d’activité qui pût me suffire.
Et en pratique, que ferai-je ? C’est avec un effroi indicible que je vois approcher la fin des vacances, époque où je devrai nécessairement traduire par les actes les plus décisifs l’état intérieur le plus indéterminé. C’est cette complication de l’extérieur et de l’intérieur qui fait le cruel de ma position. Tout ce souci m’ennuie, me distrait. Et puis je sens si bien que je n’entends