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de grammaire. Je m’inscrivis tout d’abord. La philologie exacte de M. Le Hir m’enchanta. Il se montra pour moi plein d’attentions ; il était breton comme moi ; nos caractères avaient beaucoup de ressemblance ; au bout de quelques semaines, je fus son élève presque unique. Son exposition de la grammaire hébraïque, avec comparaison des autres idiomes sémitiques, était admirable. « Je le regarde comme un vrai savant, écrivais-je à mon ami du séminaire de Saint-Brieuc. Si Dieu lui donne encore dix ans de vie, ce qui malheureusement semble douteux, nous pourrons l’opposer à ce que la science critique de l’Allemagne a de plus colossal. L’étude de l’hébreu est, par ses leçons, singulièrement facilitée. Je suis tombé de surprise quand je me suis trouvé en présence de cette langue si simple, sans construction, presque sans syntaxe, expression nue de l’idée pure, une vraie langue d’enfant. »

J’avais, à ce moment, une force d’assimilation extraordinaire. Je suçai tout ce que j’entendais dire à mon maître. Ses livres étaient à ma disposition, et il avait une bibliothèque