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Toutes ces digressions, chère amie, m’ont presque fait perdre de vue l’objet principal dont j’avais à te parler, mes démarches au ministère. Je me suis déterminé à les faire dans la forme que je t’avais indiquée, c’est à dire sans spécifier absolument la place que je désirais. M. Egger, que j’ai consulté, m’a fortement conseillé cette forme, Ce n’est pas du reste que je n’ai trouvé contre elle une grave autorité, en fait d’administration ; c’est celle de M. Soulice[1], qui m’a engagé à spécifier davantage ma demande, me disant que ces requêtes générales étaient souvent fort négligées et oubliées dans les bureaux, vu qu’elles n’en concernent aucun directement. Cela m'a fait modifier un peu mon premier tour, et voici celui auquel je me suis arrêté. J’ai laissé, il est vrai, la chose à l’arbitrage du ministre, mais j’ai ajouté que, s’il m’était permis de faire un choix, toutes mes préférences seraient pour une place dans une bibliothèque, bien qu’à défaut je fusse prêt à accepter toute autre place à Paris. En spécifiant davantage, j’aurais risqué d’insister sur la place qui me convenait le moins, ou qui est impossible a obtenir pour le moment, faute de voir tous les innombrables casiers dont peut disposer la volonté ministérielle. M. Egger a voulu mettre au bas de ma requête quelques lignes flatteuses, et m’a en outre engagé a la faire appuyer par quelque orientaliste et surtout par M. Bur-

  1. M. Soulice, ami d'Henriette, était chef de bureau à l'Instruction Publique.