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insistant sur la difficulté de trouver à Paris une position avantageuse dans l'enseignement. Néanmoins on m’a promis de songer à moi lorsque l'occasion pourrait se présenter. Ceci ne m’empêchera pas, chère amie, d’adresser directement ma demande au ministre après la séance du 3 mai, car il peut disposer d’un bien plus grand nombre de places que le bureau partiel auquel j’ai été adressé. Je consulterai sur les formes les plus avantageuses à suivre dans cette démarche les diverses personnes de ma connaissance qui peuvent être compétentes dans cet ordre de choses. Je persiste toujours, bonne amie, à faire passer ma thèse de docteur avant mon agrégation, peut-être même le premier titre pourrait-il me dispenser de prendre le second, ce qui serait avantageux ; car dans la carrière des langues orientales, ce dernier me serait plus nuisible qu’utile. D’ailleurs les bouleversements auxquels est soumis de nos jours le système universitaire, et surtout l'anéantissement presque total des études philosophiques, et par suite le rang secondaire de ses professeurs me font, je l’avoue, beaucoup hésiter. J’attends très impatiemment que je puisse voir M. Garnier pour m’ouvrir à lui sur tous ces points ; mais je ne puis le faire avant le 3 mai. Le moment présent est vraiment fâcheux, chère amie ; un esprit étroit, mesquin, exactement analogue à celui des dernières années de la Restauration domine toute l’administration de l’enseignement. Il se passe des choses