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cents francs, mais que je conserverais la première nomination, que la commission m’avait tout d’abord décernée. MM. Reinaud et Burnouf se sont accordés à me dire de la manière la plus expresse que j’avais le prix, et que mon ouvrage avait été unanimement jugé supérieur. L’accord auquel on s’est arrêté était du reste rendu possible par une réserve de fonds provenant d’une des années précédentes, où le prix n’avait point été distribué, faute d’ouvrage qui le méritât. Pour ma part, chère amie, je préfère de beaucoup cet arrangement, qui associera mon nom à un autre déjà honorablement connu, à une simple primauté qui eût exprimé seulement la valeur comparative de mon travail relativement à d’autres ouvrages, la plupart assez médiocres.

Du reste, chère amie, la joie que j’éprouve de cet heureux succès est beaucoup moindre que la satisfaction intime que m’ont causée les témoignages de tous mes savants examinateurs. M. Reinaud m’a raconté tout le détail des séances de la commission, et m’a assuré que mon ouvrage a fait la meilleure impression, et que tous avaient conclu qu’il fallait me soutenir au début de ma carrière, en vue surtout de l’avenir. Sur le rapport avantageux que fit M. Reinaud de mon ouvrage, M. Burnouf, secrétaire de la commission, et auquel jusqu’ici les autres membres s’en étaient généralement remis pour la décision, a demandé à voir mon ouvrage, Ç’a été pour moi un grand bonheur,