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hébraïque un travail considérable, quel que soit d’ailleurs le résultat comparatif de ce travail.

Bien que nulle décision n’ait encore été prise par la commission, tu conçois que je puis déjà tirer bien des inductions sur le succès futur. Aucune pourtant n’est assez péremptoire pour m’ôter tout espoir ou toute crainte. Je me suis d’abord informé, lorsque la liste a été close, du nombre et de la nature des ouvrages concourants. J’en ai vu la série complète, et voici le résultat de cette première recherche, comme tu le conçois, la plus importante de toutes. Les ouvrages présentés sont au nombre de huit, en y comprenant le mien. — Tous les auteurs, à l’exception d’un seul, sont complètement inconnus dans la science. — Enfin, parmi les mémoires présentés, il en est trois ou quatre qui ne paraissent nullement redoutables, et que plusieurs paroles de M. Reinaud me prouvent avoir été écartés de prime abord. Mais il en est un, chère amie, dont la présence fut pour moi un coup de foudre, qui m’ôta d’abord toute espérance, et maintenant encore ne m’en laisse que bien peu. C’est un ouvrage de M. Pillon, Bibliothécaire à la Bibliothèque Royale, helléniste célèbre, vieil érudit de soixante ans, et dont les travaux sont devenus classiques. En vérité, chère amie, j’ai joué de malheur, et je puis t’assurer que jamais pareil fait ne s’est produit dans les annales de ce concours. Un savant, dont la réputation est faite, se présentant pour un prix destiné surtout à encourager les débutants !