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de vouloir bien remettre encore à mademoiselle Ulliac la lettre et les récits ci-joints. Ne te donne pas la peine de lire de pareils enfantillages : ce serait te prendre dix minutes, et tes minutes sont précieuses, pauvre cher ami, Si je pouvais faire autrement, sois bien sûr que je ne te prendrais pas le temps qu’il faudra pour aller faire cette commission. — Sur les mêmes frais, mon bon Ernest, rends-moi un autre service. Dans une note du « Carnaval à Rome », je parle de cet homme d’esprit dont Voltaire disait « le président Desbrosses et sa Sallusterie[1] ». de mémoire, j’ai écrit Desbrosses ; et depuis j’ai vu dans une autre citation Desbrosses. Vois, je te prie, dans le Cours de M. Villemain si c’est moi qui me suis trompée ; et corrige, s’il y a lieu. Je ne sais pourquoi, je crois encore que c’est Desbrosses. Pardonne, mon bon ami ; il m’en coûte de te détourner pour de pareilles misères, mais je n’ai que toi à qui je puisse m’adresser. Tu t’étonnes peut-être du peu d’intervalle que je mots entre mes envois à mademoiselle Ulliac. C’est que, mon Ernest, une fois en Pologne je ne pourrai que bien difficilement lui rendre ce petit service, et que je tiens au moins à faire preuve de bonne volonté avant d’aller plus loin encore. La pauvre amie ! que ne puis-je faire mieux pour elle ! — Elle me dit dans sa lettre que tu ne lui parles

  1. Le président de Brosses, auteur des Lettres historiques et critiques, écrites d’Italie, avait reconstitué une certaine époque de l’histoire romaine à l’aide de Sulluste.