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peut dans une maladie pareille, qu’il n’y a plus à se tourmenter de ce qui me reste, qu’un mal aussi enraciné laisse longtemps de l’irritation dans la partie atteinte. Remets donc on paix ton bon cœur effrayé  ; achève ton voyage et pense souvent que dans deux mois nous n’aurons plus à souffrir séparés.

Ta sœur,
H. R.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie (Pologne).


Turin, 10 juin 1850.

Je voulais t’écrire de Milan, chère amie. Mais une note que j’ai dû transmettre à l’Académie sur quelques commissions dont elle m’avait chargé à l’Ambrosienne a pris tous mes moments libres. Je ne suis resté que quatre jours dans cette ville, si ennuyeuse, si dénuée de physionomie ! Verceil m’a pris un jour, et Turin où je suis depuis quelques heures ne me prendra guère que trois ou quatre jours. Je serai donc à Paris dans huit jours à peu près, vers le 27 ou le 28. Déjà du reste j’ai dit adieu à l’Italie. L’aspect, la langue, les habitudes, tout est français dans ce pays. L’art est du dernier médiocre ; à part l’incomparable horizon des Alpes, le pays est triste, le ciel atone. Vérone est à proprement parler la